Le chercheur Thierry Vincent est revenu sur la présentation de la mine Wilhelm Stollen, dont il est propriétaire. Un volet plus scientifique, mais néanmoins étonnant.
Il y avait un peu moins de monde pour ce deuxième volet de présentation mais le local de Val Avenir était tout de même presque rempli. Le président de l’association, Alain Florentz a remercié le public pour sa présence et a assuré que Val Avenir continue d’œuvrer pour créer du lien social à travers conférences, expositions, consultations juridiques et bientôt aide dans les démarches de recherche d’emploi.
À l’entrée Est du village de Sainte-Croix-aux-Mines, le long travers-banc de 500 mètres de la mine Wilhelm Stollen a fait l’objet par son propriétaire d’études en climatologie souterraine. Il fallait pour cela prendre en compte la climatologie extérieure locale et quoi de mieux qu’une station homologuée Météo France et des observations, enregistrements et relevés de mesure en continu depuis 25 ans.
Sans surprise, Thierry Vincent constate des mouvements de convection air chaud/air froid qui s’inversent de l’été à l’hiver, phénomène bien connu des spéléologues qui disent que la galerie « souffle » surtout à sa sortie. Ce phénomène sera observé, mesuré par des enregistrements, visualisé grâce à une caméra thermique (de belles images dans une palette de rouge, jaune et orange seront projetées) et sera prouvée l’interaction, même à 500 mètres de l’entrée, de la pression atmosphérique extérieure notamment lors de passage de perturbations climatiques.
Pour ce faire, la galerie sera pourvue d’instruments : sondes très sensibles, système de mesure du débit de l’eau et de sa résistivité, du ruissellement avec étude concomitante du bassin versant de la Lièpvrette qui alimente la mine en eau.
Le premier dispositif en Europe
Dans ce lieu propice à l’installation d’appareillages de géophysique apparaîtront ensuite des sismomètres donnant à voir les trains d’ondes émis par les tremblements de terre, la distance de l’épicentre et les répliques, même de plus en plus faibles. Combinant sismographe horizontal et vertical, la finesse de sensibilité est telle qu’elle met en évidence des tempêtes en Mer du Nord… Mais vient le plus beau : un inclonomètre, le premier, longtemps le seul et dont il n’existe que trois exemplaires dans le monde (les deux autres sont en Grèce et au Chili). C’est un grand niveau à eau de 100 mètres de long avec une précision hallucinante, inférieure au millionième. Il met en évidence et mesure les marées terrestres car la croûte de notre bonne vieille Terre enfle et désenfle au gré de l’attraction lune/soleil, comme les océans mais beaucoup plus discrètement.
Thierry Vincent et son épouse témoignent de leur joie lorsqu’ils ont vu apparaître les premières courbes de marée terrestre mesurée dans la Wilhelm Stollen. L’installation de l’inclinomètre est aussi une prouesse technique et il aura fallu tout le talent et les compétences dun spéléologue Michel Kammenthaler.
Beaucoup plus sensible qu’un sismomètre classique, le tensiomètre crache en continu des mesures d’ondes dont la moisson est tellement riche qu’elle a de quoi occuper des générations de chercheurs : activités sismiques, charges hydrologiques, dépressions atmosphériques, signaux précurseurs de séismes ou de tsunami.
Dans les yeux de Thierry Vincent brille une petite flamme, gaie, patiente, inextinguible : la passion scientifique qu’il a pu faire partager, le temps d’une conférence à un public conquis qui s’est exclamé à la fin « c’est beau la science ! » Certainement la plus belle des récompenses pour ce chercheur si discret.
par B.B., publié le 02/12/2012 à